Qu'est ce que le sang des règles ?

Signification de la couleur du sang des règles, et autres aspects insoupçonnés des règles. Entretien avec une Femme Médecine

Le sang des règles reste encore un vrai tabou dans notre société occidentale moderne.

Aujourd'hui le sang n'est plus représenté en bleu dans les pubs pour les serviettes hygiéniques mais c’est un sujet qui reste peu abordé notamment par la médecine allopathique.

Nous avons rencontré Emilie Argia, praticienne en Médecine Traditionnelle Chinoise et Femme Médecine pour qui le sang des règles est un indicateur de santé. Spécialiste de la femme et de son intimité, des moments du cycle, de la reliance à la terre mère, nous l’avons questionnée pour qu’elle nous livre les secrets qui se cachent dans le sang des règles.

Emilie Argia nous parle du sang des règles

Marie : Emilie, peux-tu nous en dire plus sur le sang des règles ? Est-il le même que lorsqu’on saigne suite à une coupure par exemple ?

Emilie : On le sait peu mais le sang des règles est un vrai moyen d’évacuation. Certaines de mes patientes ont évacué des kystes par le sang des règles suite à une séance avec moi.

On peut dire que le sang des règles est sujet à sorcellerie. En effet, on a voulu retirer cette puissance qui émane du corps des femmes. La médecine moderne est à la base une discipline masculine et c'est pour cela que cette médecine ne peut pas comprendre la signification du sang des règles.

Pourquoi notre corps s’ouvre et saigne ? Je dirais que le sang des règles rassemble tout ce qui n’est pas nécessaire pour le corps, comme nos émotions et nos mémoires. A travers le cycle menstruel, c’est un nettoyage puissant qui se fait. Tout ce qui doit être évacué sort par nos voies basses en direction de la terre. On remercie notre corps d’évacuer tout ce qui est nécessaire. C’est bon pour la femme ainsi que pour son entourage.

La particularité de la femme vient de sa capacité à régénérer le sang car elle en a besoin tous les mois. Un grand blessé homme aura besoin de plus de temps qu’une femme pour s’en remettre. En Médecine Traditionnelle Chinoise, on dit que le lait maternel, tout comme les cheveux, est une prolongation du sang.

Le sang des règles est un reflet de la santé. On peut lire dedans. La couleur du sang des règles et la durée du cycle sont de véritables indicateurs de santé.

Marie : Cela me fait penser aux nombreuses femmes qui n’ont pas leurs règles pour différentes raisons, comme la prise de médicaments ou certaines contraceptions qui arrêtent les règles.

Emilie : Effectivement c’est très compliqué pour les femmes qui n’ont plus leurs règles. En médecine ancestrale (celles de plus de 6000 ans) on commence par là car on considère que dès lors qu'un seul orifice est bloqué, c’est un problème. Le blocage des règles est à l’origine de nombreuses pathologies.

Aujourd’hui les règles sous contraception chimique n’apportent qu’un mini-nettoyage. Les hormones présentent dans les contraceptions hormonales ne permettent plus au corps d’effectuer le « jeu menstruel » naturel. C’est donc un saignement mais ce ne sont pas les règles naturelles. Dans ce cas, les femmes ne sont plus alignées sur le rythme de la terre. En revanche, le stérilet en cuivre n’empêche pas la reliance à la terre et la lune. C’est une contraception qui permet de vivre pleinement ses règles.

Marie : Tu dis que le sang des règles est un indicateur de santé dans lequel on peut lire. Peux-tu nous en dire plus, notamment sur la couleur du sang des règles ?

Emilie : Absolument ! C’est un indicateur important dans le diagnostic en Médecine Traditionnelle Chinoise et l’on questionne toujours les femmes sur la qualité du sang de leurs règles.

Tout d’abord on va s’attacher à sa texture. Il est important de regarder la présence de filaments, la viscosité du sang, c’est à dire dans quelle mesure il est liquide, s’il contient des caillots, etc. Cela va dépendre de la qualité de nos liquides corporels. Le plus simple pour se rendre compte de sa texture est de faire attention lorsqu’on s’essuie aux toilettes ou bien en nettoyant sa serviette hygiénique ou sa coupe menstruelle dans de l’eau.

L'autre indicateur important est la couleur du sang des règles. L’idéal est une belle couleur rouge sang, ni trop claire, ni trop foncée. Les couleurs trop claires, par exemple, montrent un vide de sang.

En résumé lors d’une consultation, on utilise en premier lieu le sang comme indicateur pour déterminer s’il y a un problème ou pas. 

Marie : C’est passionnant car on n’envisage jamais les choses comme cela. Les médecins ou gynécologues ne questionnent pas sur ce sujet. 

Ensuite, la question est « qu’est-ce que je fais du sang de mes règles ? »

Marie : Alors que faut-il faire du sang des règles ?

Emilie : Il y a plus de 10 ans, j’ai rencontré une femme médecine au Mexique et elle m’a demandée si je remettais mon sang à la terre. Elle m’a expliqué que les femmes devaient apporter leur sang en offrande à la terre mère. Si les femmes ne le font pas, m’a t-elle dit, ce sont les hommes qui doivent le faire. La terre mère a besoin de sang et il est important que les femmes lui remettent leur sang sinon cela va créer des déséquilibres.

Marie : Et toi Emilie, comment rends-tu ton sang à la terre ?

Emilie : C’est simple, je mets une partie de mon sang dans mon compost et une autre partie dans l’arrosoir pour arroser mes plantes d’intérieur. On peut le faire même si on habite en ville dans un appartement avec les plantes vertes ou en arrosant un arbre par exemple pour remettre le sang à la terre.

Le corps appartient à la terre donc mon sang aussi. Ici en France ou en Europe ce n’est pas du tout courant mais il y a beaucoup de peuples qui récoltent le sang des règles. Il suffit simplement de se dire que c’est un fertilisant puissant, et surtout il est important de le faire en conscience.

Marie : Connais-tu d’autres pratiques liées à l’utilisation du sang des règles ?

Emilie : Il y a de nombreuses pratiques. Autrefois les femmes utilisaient leur sang devant leur maison pour la protéger. Encore une fois, l’important c’est l’intention avec laquelle on fait les choses. On trouve aussi des rituels où les femmes font boire une boisson avec un peu de leur sang pour avoir certains résultats.

Aujourd’hui dans le discours dominant, nous sommes très loin de ces pratiques. Beaucoup de femmes ne veulent pas "en voir la couleur". Finalement on est très loin de notre féminité.

Marie : Comment recommandes-tu aux femmes qui le souhaitent de récupérer le sang de leurs règles ?

Emilie : Les coupes menstruelles permettent de très bien récupérer le sang pour bien l’observer. C’est également possible avec des serviettes hygiéniques lavables et des culottes menstruelles. Personnellement, je mets mes serviettes à tremper quelques heures dans une bassine. Ensuite je frotte la serviette puis je mets cette eau en offrande à la terre.

Marie : Merci pour cette ouverture fascinante sur notre sang. As-tu un mot de la fin ?

Emilie : « Quand la femme ne saigne plus, elle enseigne. »